dimanche 14 juin 2009

Allô maman , bobo .


Je suis né une seringue dans le dos. Une génitrice ne pensant qu' à se faire transpercer de part et d' autre afin de jouir d' un plaisir illicite et toujours plus fort. Très jeune j' ai compris son système. Les moments déliceux en sa compagnie se comptent sur les doigts d' une main. Je les sens encore, ses mains osseuses qui tentent tant bien que mal de me soutenir près de sa poitrine.

Elle n' avait pas plus de force qu' aujourd' hui, elle est morte.

" Tu sais, c' est malheureux, à sa sortie de la maternité, elle n' a eu qu' une idée, se procurer sa substance de survie. Au moins la où elle se trouve maintenant elle est en sécurité et ne souffre plus . L' enterrement est prévu Mardi. On compte sur toi ."

L' oncle me raconte ça, sans pudeur, sans dignité, sans retenue. Au travers du téléphone je ne réalise pas que l' on parle de ma mère. Et pourtant je ne ressens qu' une amplification du dégôut que je lui voue. Je cours vider mes trippes aux toilettes. Et qu' elle reste où elle est, même le jour de sa mort, elle me fout dans une merde noire. Aujourd' hui grâce à elle, je n' ai ni emploi, ni femme, ni enfant. Très peu de famille et encore moins d' amis. Et je partirais volontiers me faire oublier de ce débris de famille qui me veulent à cette cérémonie crasseuse.

Mardi, je décide de ne pas prendre la peine d' aller à cette mise en terre inutile. Cela fait bien lontemps qu' elle s' est enterrée, seule. Le discours sera pour l' un de ses frères, l' église devrait résonner, personne n' aura de temps à perdre devant ce cerceuil à bas prix. Parce qu' elle n' aura jamais de fleur sur sa tombe, c' est à peine si elle mérite sa place au cimetière .

Demain je pars pour le sud.

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